Contexte du projet :
Traditionnellement, les agriculteurs kichwas cultivent selon un modèle agroforestier durable (association de cultures vivrières et d’arbres). En raison de besoins financiers accrus, l’autoconsommation s’est peu à peu transformée en culture de rente avec apparition de la monoculture et mise en place de pâturages. Ces modifications profondes ont provoqué la surexploitation des ressources naturelles, la déforestation, l’érosion et l’appauvrissement des sols et, donc, la détérioration des conditions de vie des Kichwas.
Le canton de Talag est constitué d’une trentaine de communautés (petits villages) kichwas réparties sur une superficie d’environ 30 000 ha. Les communautés se sont développées essentiellement le long des rivières et du fleuve Jatunyaku. Le canton de Talag correspond à la zone habitée la plus proche du Parc National Llanganates. Or, l’accroissement de la population et la mauvaise utilisation des terres obligent malheureusement les Kichwas à cultiver dans ce parc et à y couper des arbres. La proximité du canton avec cette grande réserve de biodiversité confère une véritable importance à cette zone en termes de conservation et d’utilisation raisonnée des ressources.
Objectifs du projet :
- – Amélioration du niveau de vie des populations indigènes
- Valorisation de la production
- Création de coopératives agricoles
- Commercialisation de la production
- Transformation de la production et création de valeur ajoutée
- – Préservation des ressources de la foret amazonienne
- Création de pépinières familiales ou communautaires
- Réalisation de parcelles agroforestières
- Production de plantules de bois d’œuvre et d’espèces fruitières telles que :
- Peine de mono (Apeiba membranacea), Pinga (Aspidosperma sp), Canelo amazonico (Ocotea quixos), Borojo (Borojoa sorbilis), Manzana de agua (Sysygium aqeum), Jaboticaba (Myriciaria cauliflora), Salak (Salacca edulis)
- Lutte contre l’extension des monocultures et de l’agriculture de rente
- Lutte contre la déforestation et l’érosion des sols
- Préservation du parc Naturel Llanganates
Devant cette raréfaction des ressources forestières, les coupes de bois sont de plus en plus fréquentes dans le parc national voisin : en effet, dans la culture kichwa, le système d’épargne n’existant pas, les ressources forestières ligneuses jouent le rôle de banque. Il s’agit donc d’une économie de survie basée sur l’exploitation sélective de quelques espèces forestières. Face à cette surexploitation du milieu, la reforestation apparaît désormais comme l’unique moyen permettant le renouvellement des espèces ligneuses à haute valeur économique. Par ailleurs, la reforestation ne doit pas empêcher le maintien des cultures traditionnelles de subsistance (banane, manioc…). La réponse la plus adaptée à la demande est, là encore, un retour à l’agroforesterie, pratique dans laquelle des cultures de subsistance sont associées à des espèces de bois d’œuvre, fruitières, médicinales ou à but artisanal ayant un débouché économique.
Description des bénéficiaires :
Les bénéficiaires sont tous les agriculteurs vivant dans le canton de Talag, ce qui correspond à 450 familles. Certaines communautés sont installées à proximité de la route et possèdent l’électricité alors que d’autres sont plus isolées. La distance avec la route influe sur la vente de produits cultivés et sur la coupe d’arbres. Les revenus moyens mensuels par famille sont de 70 euros. Ces revenus sont issus essentiellement de la vente de produits agricoles (cacao, maïs, bananes, agrumes…). Ces familles possédant des terres cultivables sont toutes autosuffisantes du point de vue alimentaire. Cependant, le système d’épargne n’existant pas, en cas d’imprévus ou en vue de dépenses exceptionnelles (rentrée des classes, mariages, maladies…), les familles se replient sur la coupe et la vente de bois. Cependant, les avantages apportés par ce projet ne pourront se mesurer qu’à long terme, s’agissant pour partie de la plantation d’arbres à croissance lente.